Nous verrons ici quelques éléments utiles pour restaurer une plate-forme de catamaran. L'exemple pris ici est celui d'un HC16.
On démonte entièrement les coques, et on les dispose sur des tréteaux, à labri si possible des insectes et chûtes de végétaux. Si on met de la mousse sur les tréteaux, il faut la protéger à l'aide de sacs plastiques pour éviter qu'elle ne se colle à la peinture imparfaitement sèche.
On nettoie les coques sans ménagement. Il faut ensuite décoller les autocollants. Cette tâche est fastidieuse, alors tenez compte des conseils qui suivent. Les vieux autocollants perdent en élasticité (ou plutôt compliance) et se cassent quand on tire dessus. On peut passer un coup de chalumeau : sans faire cloquer, cela les assouplit et rend le décollage nettement plus aisé. Il faut ensuite retirer la colle. Là encore ce conseil devrait vous faire gagner du temps : déposez une couche de papier essuie-tout sur les zones encollées, versez de l'alcool à brûler pour bien l'imbiber, puis attendez au moins cinq minutes. Ensuite, par petite zone, retirez l'essuie-tout et raclez la colle à l'aide d'une spatule métallique.
On pourra également retirer le fin joint en silicone parfois présent sur le liston, s'il part tout seul. La peinture fera une étanchéité qui, du fait de la méthode de construction des coques, n'existait pas.
Les éclats de gel coat doivent être éliminés (creusé) et comblés à l'aide de mastic polyester armé ou choucroute. Si vous n'en avez pas, il suffit d'utiliser à la place de la résine lestée à l'aide de fibre de verre coupée en très fins morceaux.
Les photographies ci-dessus montrent le cas classique d'une étrave abîmée par un impact de force moyenne. Les dégâts paraissent peu étendus (1° image). En réalité, il faut creuser à l'aide d'une spatule et on se rend généralement compte que tout s'effrite. On creuse en conservant toutefois les parois, qui seront utiles pour la forme (2° image). On comble ensuite le trou avec de la choucroute. Truc pratique : il est difficile de façonner la choucroute du fait des morceaux de fibre de verre présents. Je vous conseille de l'appliquer généreusement, et de l'écraser à l'aide de film étirable de cuisine (célophane) : c'est très facile et le résultat est remarquable (3° image). Ensuite, on ponce le tout (4° image).
Il en est de même pour l'arrière des coques (ici le vendeur avait oublié de préciser qu'il prenait 5 litres d'eau à chaque sortie...).
Il en est de même pour tout impact visible.
Ensuite, on réalise un ponçage d'accroche sur 15cm de large sur tout le bord inférieur des coques. On réalise un masquage latéral, et toute cette surface ainsi que les parties réparées à la choucroute sera enduite de gel coat.
Comprenons bien le rôle du gel coat : sur un catamaran neuf, il n'y a que du gel coat et pas de peinture, c'est donc le gel coat qui fait l'étanchéité. Avec le temps, sous l'effet des UV, le gel coat devient poreux. Lors d'une restauration, c'est la peinture qui imperméabilisera réellement les coques. Mais la peinture est très fine, et elle s'usera trop vite sous les coques, c'est pour cela qu'on rajoute de l'épaisseur en gel coat qui, lui, n'est pas tout à fait imperméable.
En tout état de cause, le gel coat polymérise sous certaines conditions d'exposition aux UV, et chaleur et d'humidité. Cela ne fonctionne pas à tous les coups...
Il faut ensuite peindre la coque avec une peinture spéciale : c'est ça qui la rendra étanche (ci-dessus : diluant de la marque, sous-couche, et laque de finition). Voici quelques conseils (suite à mes propres erreurs) :
Sur les HC16 en particulier, elles peuvent s'user de manière très important : en prenant du jeu, les traverses s'usent et perdent jusqu'à la totalité de leur épaisseur.
Exemple de traverse antérieure de HC16 complètement usée : sur une des faces, les 3mm d'épaisseur d'aluminium ont complètement disparu !
Par bonheur j'ai pu me procurer une épave de HC16 et retrouver, moyennent meulage, des profilés compatibles avec les formes du HC16. Il faut simplement insérer ces profilés pour doubler la traverse à l'intérieur.
Ensuite, on colle à l'araldite prise longue. Attention, seule la colle qui sèche en 24 heures doit être utilisée, pas la prise rapide qui manque de solidité. Ne pas prendre non plus les colles qui se prétendent "soudage à froid", qui sont de simples colles lestées en limaille d'aluminium. Avant l'encollage, il convient de rayer le métal au disque du côté contact. Après le collage, on renforce le tout avec des rivets de diamètre 5mm, à un endroit où ils ne seront pas gênants.
On reperce ensuite les trous : désormais, les rivets qui fixent la pièce aux pods sappuieront surtout sur la pièce de renfort. On ne dirait peut-être pas comme cela, mais c'est très solide.
Pour éviter l'agrandissement des trous de rivets, on se rappellera que c'est le contact de aluminium et de l'acier inoxydable qui, en eau salée, crée une oxydation qui ronge littéralement l'aluminium. On utilisera autant que possible des rivets en aluminium, mais pour les pièces maîtresses il faudra utiliser des rivets en inox, plus solides. La seule solution est alors de veiller à l'absence totale d'eau salée entre les deux, au moyen de joints en silicone par exemple.